Application de la loi Labbé dans les cimetières

4 mars 2021
La fin des produits phytosanitaires dans les cimetières

Depuis 2017 la loi Labbé interdit aux collectivités l’usage des produits phytosanitaires dans la majorité des espaces publics ; ce sera aussi le cas dans les cimetières à partir de 2022, autant dire demain !

L’application de la loi dans les espaces publics a fortement modifié les pratiques d’entretien des espaces verts depuis sa mise en place avec son lot de mauvaises habitudes à perdre et de nouvelles actions à engager pour, au final, agir pour la santé de tous, améliorer la qualité de l’eau et de l’environnement et préserver la biodiversité.

Comment envisager la gestion d’un cimetière sans pesticide ?

cimetière envahi de verdure grâce à la loi Labbé

Un cimetière est un site sensible dans l’inconscient collectif ; c’est un lieu de recueillement et d’hommage à nos défunts, famille et proches, un lieu de mémoire pour lequel nous sommes habitués à une certaine symétrie et propreté : pas une herbe plus haute que l’autre, des allées bien dessinées et nettes, bref c’est un endroit que nous avons l’habitude de percevoir comme propre et entretenu avec rigueur.

Avec la mise en application de la loi Labbé, les maires, responsables de la gestion du cimetière communal, vont devoir envisager de communiquer et faire un peu de pédagogie auprès de leurs concitoyens avant d’amorcer le virage Zéro Phyto. Car s’est effectivement un véritable virage à 360° que cette loi Labbé va imposer, une révolution culturelle et champêtre dans nos lieux funéraires.

Parmi les arguments pédagogiques à valoriser auprès des administrés, le premier et non des moindres, est de passer le message qu’en laissant le monde végétal reprendre ses droits dans les cimetières, c’est tout un écosystème de biodiversité qui va se remettre en place, ramenant ainsi de la vie dans ces lieux de recueillement.

Objectif Zéro Phyto

Il apparaît essentiel d’anticiper et préparer les esprits au fait que les décors de nos cimetières vont profondément changer : graviers et minéraux ne pourront plus être généreusement imbibés de désherbant et devront de fait céder la place au végétal, conférant ainsi aux lieux un aspect beaucoup plus naturel.

Les cimetières verts vont devenir de véritables sanctuaires de biodiversité. Les communes ayant déjà opéré leur transition dans leurs cimetières l’ont bien constaté : c’est le retour d’une faune (écureuils, hérissons et autres multitudes d’espèces d’oiseaux) qui avait disparu avec l’emploi des pesticides qui fait son retour. C’est aussi le symbole du retour de la vie dans ces lieux n’accueillant d’habitude que la mort.

Toute cette flore et cette faune offriront alors un cadre plus sain et propice au deuil et au recueillement.

En renonçant à l’emploi des pesticides, le meilleur angle pour recueillir l’adhésion des habitants sera la communication, beaucoup de communication afin de bien faire comprendre tous les aspects de la démarche, qu’ils soient sanitaires ou économiques.

Tout l’enjeu est de faire accepter au public que tout ne pourra pas être parfait lors de ce retour en terre saine.

Quelles méthodes de substitution mettre en œuvre ?

Plusieurs types de démarches peuvent être menés conjointement pour réussir l’application de la loi Labbé.

En voici quelques-unes :

  • Laisser la nature reprendre possession des lieux en la maîtrisant soit à l’aide de moyens mécaniques : coupe-bordure, tondeuse ou autre désherbeur thermique, soit à l’aide de moyen manuels : utilisation de la binette, désherbage à la main.
  • Dérouler des tapis de gazon (à pousse lente c’est idéal) en lieu et place des allées gravillonnées . L’entretien se fera à la tondeuse et les allées du cimetière deviendront ainsi accessibles aux personnes à mobilité réduite. Pourquoi ne pas en dérouler aussi sur les trottoirs…
  • Planter dans les espaces inter-tombes.
  • Mettre en place des plantes couvre-sol.
  • Remplacer les allées carrossables par des allées pavées avec joints végétaux.
  • Planter des arbustes et des arbres pour la fraîcheur et accueillir diverses espèces animales.
  • Planifier des désherbages plus fréquents mais moins longs.
  • Envisager le cimetière comme un jardin public, avec une véritable démarche paysagère ; les espaces cinéraires et jardins du souvenir (avec espace de dispersion) s’intégreront particulièrement bien dans cette démarche.
  • Les sépultures abandonnées, en attente de relevé de tombe ou en attente de reprise pourront être recouvertes de plantes couvre-sol.

On l’aura compris, l’application de la loi Labbé dans les cimetières constitue un bouleversement sociétale majeur tout comme les nouvelles dispositions concernant les obsèques durant la pandémie. Elle oblige à mettre en œuvre des solutions vertes pour entretenir la mémoire de nos défunts en favorisant le retour à la vie autour de leurs sépultures.

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